L'Albanie est demeurée jusqu'à une date récente une sorte de zone grise sur la carte archéologique des Balkans, notamment pour les périodes pré- et protohistoriques.

Alors que dans le monde égéen, les premiers habitats de l'Âge du Bronze sont connus depuis la fin du XIXe siècle (fouilles de Schliemann à Troie et à Mycènes, d'Evans à Cnossos), en Albanie les premières découvertes ont à peine plus de cinquante ans.


En effet, jusqu'à la Première Guerre mondiale, les obstacles naturels, joints au caractère réputé farouche des habitants, ont découragé la curiosité des étrangers en général, et des archéologues en particulier. Seuls quelques "voyageurs" et diplomates s'y sont aventurés, tels que le colonel Leake au début du XIXe siècle, ou Pouqueville, qui fut consul de France auprès d'Ali Pacha de 1806 à 1814 .

C'est seulement après 1918, donc après la création d'un État albanais indépendant (démembrement de l'empire ottoman), que la recherche archéologique débute en Albanie. Mais elle est alors menée exclusivement par deux missions étrangères — une mission française, dirigée par Léon REY (ancien sous-officier de l'Armée d'Orient…), et une mission italienne, dirigée par Luigi UGOLINI. Ces deux misions s'intéressent évidemment aux antiquités d'époque gréco-romaine : la colonie grecque d'Apollonia pour la mission française; les deux cités épirotes de Bouthrôtos (Butrint) et de Phoinikè pour la mission italienne. Les Italiens découvrent bien quelques outils paléolithiques et de la céramique néolithique, mais ce matériel ne sera jamais publié.

En fait, il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'organisation, par le régime communiste issu de la Résistance, d'une archéologie nationale, pour que soient menées les premières fouilles systématiques dans tout le pays. Des fouilles qui portent désormais sur toutes les périodes du passé albanais, de la Préhistoire à la fin du Moyen Âge. Des fouilles qui ont pour but explicite de donner au pays les fondements de son identité nationale. Ces fouilles devront donc prouver le caractère autochthone de la culture albanaise, montrer qu'elle ne doit rien à ses voisins et tout à ses valeureux ancêtres : les Illyriens.

C'est dans ce contexte que les premiers vestiges de l'Âge du Bronze sont mis au jour. Il s'agit, d'une part, de nécropoles tumulaires ; d'autre part de sites d'habitat. Les tumuli se comptent par centaines, principalement concentrés dans le Nord du pays (région de Shkodra), dans le centre (vallée de Mati, région d'Elbassan), dans le Sud (régions de Vlora, Gjirokaster, Kolonja). Les sites d'habitat sont beaucoup moins nombreux (une vingtaine). Ils se répartissent du Nord au Sud de l'Albanie, mais celui qui sert de référence (à cause de la longueur de sa séquence stratigraphique et de l'abondance de son mobilier céramique) est celui de Maliq, un habitat lacustre situé dans le bassin de Korça (Sud-Est du pays) et découvert au début des années 60 à l'occasion de travaux de bonification.

M A F A K

ASM
Archéologie des Sociétés Méditerranéennes,
UMR 5140
Université Paul-Valéry - CNRS, MCC
F-34000, Montpellier

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